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Plant invaders

Qu'est-ce qu'une plante invasive ?
​Le 12/03/2019 - Par Roman Sermand
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Qui n'a encore jamais entendu parler d'espèces invasives ? Elles sont un sujet d'actualité et constituent à elles seules une préoccupation écologique majeure des dernières décennies. Mais, si on les interroge, la plupart des personnes ne se sentent pas capables de définir clairement et précisément ce qu'elles sont. Un flou persiste parfois auprès du public qui n'est pas toujours un fin initié. Alors qui sont-elles ? Pourquoi sont-elles problématiques ? Comment peut-on lutter contre leur installation et leur invasion ? Voilà autant de question sur lesquelles cet article va se pencher. Bien évidemment, nous resterons dans le monde végétal mais sachez d'avance que la majorité des points abordés s'applique également aux animaux invasifs.

Le concept d'espèce invasive

Une espèce invasive, plus techniquement et prosaïquement nommée espèce exotique envahissante (EEE), répond à une définition qui peut ne pas paraître simple au premier abord. La plus couramment admise est la suivante :
Une espèce exotique envahissante est une espèce allochtone dont l'introduction par l'Homme (volontaire ou fortuite), l'implantation et la propagation menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes avec des conséquences écologiques ou économiques ou sanitaires négatives. (UICN 2000, McNeely et al. 2001, McNeely 2001).
L'acacia Saint-Domingue (Dichrostachys cinerea), invasif sous les tropiques en particulier à la Réunion.
L'acacia Saint-Domingue (Dichrostachys cinerea), invasif sous les tropiques en particulier à la Réunion.
En somme, une espèce invasive est une espèce introduite hors de sa zone de répartition naturelle (exotique donc) par les activités humaines. Cette espèce va ensuite s'implanter, se multiplier et se propager rapidement au point de causer des dégâts sur les milieux, sur la biodiversité ou même directement devenir problématique pour l'Homme lui-même.
Ce qu'il faut savoir, c'est que les cas d'introduction d'espèces sont généralement involontaires. De plus, une espèce introduite n'est pas nécessairement capable de se naturaliser et encore moins d'être à l'origine d'une invasion biologique. Certaines sont stoppées par le climat ou encore par la compétition avec les espèces indigènes. Ainsi selon le biologiste britannique Mark Williamson, il existerait une règle des "trois fois dix" selon laquelle sur 1 000 espèces importées seulement 100 parviendraient à s'installer, 10 à se multiplier et une seule deviendrait vraiment invasive.  
Malgré tout, selon le DAISIE (Delivering Alien Invasive Species Inventories for Europe), on comptait en 2013 en France métropolitaine 1 919 espèces continentales introduites. Les deux tiers seraient des végétaux. Parmi ceux-là, 111 espèces sont considérées comme envahissantes.

Comment ces plantes arrivent-elles chez nous ?

C'est souvent parce qu'elles sont belles que certaines plantes sont devenues invasives. Pour beaucoup, elles étaient à l'origine de jolies horticoles ou encore des sauvageonnes importées de lointaines contrées pour leurs qualités ornementales. Cultivées dans les jardins, elles s'en sont échappées grâce à leurs graines voire par l'extension de leurs rhizomes par exemple. Ou tout simplement par une action plus directe de l'Homme ! Ainsi il semblerait que l'introduction des jussies (Ludwigia peploides et Ludwigia grandiflora) dans les cours d'eau du sud de la France soit notamment due à la vidange répétée d'aquariums ou de bassins d'ornementation, dans lesquels on la cultivait ! Et ce n'est pas nouveau ! Les premières observations de jussie en milieux naturels remontent à 1830, dans la région de Montpellier. Tout ceci correspond à un phénomène qu'on appelle hémérochorie : la dissémination des espèces par la culture, donc par l'Homme.
La jussie rampante (Ludwigia peploides) envahit souvent les berges en Europe. Ici dans le Maine-et-Loire.
La jussie rampante (Ludwigia peploides) envahit souvent les berges en Europe. Ici dans le Maine-et-Loire.
Mais pourquoi arrivent-elle à s'implanter alors que d'autres n'y parviennent pas ? C'est simple. Ces plantes sont dites euryèces, c'est-à-dire qu'elles disposent d'une large amplitude écologique. Elles sont capables de s'installer dans des biotopes très variés, parfois forts différents les uns les autres. Ce sont des bêtes de compétition qui sauront se naturaliser sans mal. D'autant que leurs prédateurs naturels sont absents de la nouvelle zone géographique où elles s'implantent. Ainsi, sans régulation, ces espèces sont amenées à prospérer de façon excessive. 

Quels dégâts ?

La sensitive (Mimosa pudica), forme de denses couverts dans de nombreux pays tropicaux.La sensitive (Mimosa pudica), forme de denses couverts dans de nombreux pays tropicaux.
L'impact le plus frappant est celui sur la biodiversité elle-même. L'effet peut être considérable, soit par concurrence directe soit par production de composés toxiques pour les autres végétaux environnants ou pour les herbivores indigènes qui auraient dans l'idée de les consommer.

Comme nous l'avons dit, les espèces invasives sont de très grandes compétitrices. Leur croissance est souvent plus rapide que celle des plantes indigènes qu'elles finissent par étouffer et par supplanter. ​Ainsi le buddleia du père David (Buddleja davidii) se développe en taches monospécifiques et remplace les espèces indigènes pionnières sur les sites qu'il envahit. La renouée du Japon (Reynoutria japonica), elle, forme de denses couverts qui empêchent de la même façon les espèces locales de se développer normalement. Elle libère dans le sol une toxine qui va saper les efforts faits par la concurrence pour tenter de la doubler. Mais comme dans la nature tout est lié, les végétaux ne sont pas les seuls à souffrir de telles invasions. Avec le recul des plantes dont ils se nourrissent, les animaux herbivores disparaissent des zones impactées... Entraînant avec eux les carnivores. D'où d'importantes pertes de biodiversité qui peuvent être ainsi dues à une seule espèce invasive !

Mais les dégâts peuvent aussi être environnementaux au sens large. En milieux aquatiques, les invasives hydrophytes telles que le myriophylle du Brésil (Myriophyllum aquaticum) ou l'élodée du Canada (Elodea canadensis) sont responsables de l'asphyxie du milieu et de la diminution de l'éclairement. Ce qui empêche la faune et la flore de se développer, de façon qualitative et quantitative. Elles envahissent également les berges, ralentissent l'écoulement et accélèrent l'envasement.
Le figuier de barbarie (Opuntia ficus-indica), invasif notamment en Corse.Le figuier de barbarie (Opuntia ficus-indica), invasif notamment en Corse.
Chez d'autres espèces terrestres, le problème peut venir de leur enracinement superficiel qui conduit à une érosion plus rapide des sols. C'est le cas là encore de la renouée du Japon. La structure même de la végétation peut être altérée, avec la disparition de la strate correspondant au sous-bois. Sous-bois qui, s'il ne disparaît pas, peut dans d'autres cas être complètement perturbé. Le laurier-sauce (Laurus nobilis), considéré comme une invasive potentielle, possède un feuillage persistant. Dans les forêts caduques qu'il investit, l'ombre qu'il projette toute l'année finit par empêcher la levée des graines et la croissance d'un grand nombre de plantes au printemps. 

Si on file vers les littoraux, dans les zones envahies par la griffe-de-sorcière (Carpobrotus edulis), le sol est lui-même impacté. Là où elle se développe le pH diminue. La composition en nutriments est modifiée et les horizons supérieurs sont asséchés, car la plante demande une grande disponibilité en eau superficielle. ​Les conséquences de telles invasions touchent ainsi très souvent l'économie locale. Ce sont des zones de pâturage entières qui se referment ou des cours d'eau qui deviennent impraticables. Selon une étude de 2015 du CGDD (Commissariat Général au Développement Durable), les pertes et dégâts ainsi que les dépenses occasionnées par les espèces invasives (animales et végétales) coûteraient en moyenne 38 millions d'euros par an en France ! À l'échelle de l'Europe, c'est 12 milliards d'euros !

Outre tout ceci, les plantes invasives sont aussi parfois responsables de problèmes sanitaires. L'abondant pollen de l'ambroisie (Ambrosia artemisiifolia), originaire d'Amérique du Nord, est terriblement allergène. Quant à la berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum), dont nous avons déjà pu parler dans notre article consacré aux modes de défenses des plantes (lire l'article), mieux vaut ne pas s'en prendre à elle sans bonnes protections. Sa sève contient une toxine photosensibilisante. Les brûlures qui en résultent peuvent être graves, jusqu'à laisser des cicatrices. Quand on sait que cette herbacée géante envahit tous les milieux qui lui conviennent, les gestionnaires de ces derniers ont du souci à se faire... D'autant plus qu'elle favorise l'érosion des berges sur lesquelles elle pousse.

Peut-on les gérer ?

La loi interdit la vente et le transport d'espèces considérées comme invasives. C'est, en somme, la moindre des choses. La prévention passe aussi par la sensibilisation du public à la thématique des espèces exotiques envahissantes, qu'elles soient végétales ou animales. Mais comment lutter contre celles qui se sont déjà installées ? Différentes structures organisent régulièrement des campagnes d'arrachage (notamment des jussies et de la renouée du Japon) afin d'endiguer leur envahissement. Ces travaux, fastidieux, demandent un important investissement humain. Leur succès reste d'ailleurs limité. En effet, le moindre fragment de racine ou de tige oublié est susceptible de donner un autre plant par bouturage. D'autres techniques impliquent un broyage généralement avant floraison et montée en graines, puis un ramassage des déchets comme lors de la lutte contre le bunias d'Orient (Bunias orientalis) ou la balsamine de l'Himalaya (Impatiens glandulifera​). Dans tous les cas, les interventions doivent être les plus rapides possibles sur les stations où l'envahissement a été détecté. Plus l'invasion est traitée tôt, plus l'enrayement a de chances de réussir.

​Donnons-nous du courage en pensant que chaque geste contre les EEE contribue à la préservation de notre biodiversité et de notre environnement. Pensons à notre flore et à notre faune indigènes qui pâtissent de toutes ces espèces que nous avons introduites. Malgré cela, beaucoup d'entre elles sont désormais trop bien implantées sur notre territoire. Il sera difficile, voire impossible de les éliminer définitivement des milieux qu'elles ont conquis. Cependant il est toujours envisageable de limiter leur propagation et leur impact sur l'environnement. Et pour cela, chaque initiative compte.
Sources :
​http://www.observatoire-biodiversite-bretagne.fr/especes-invasives/Flore-continentale/Invasives-averees/Les-Jussies-Ludwigia-sp.
http://www.fcbn.fr/sites/fcbn.fr/files/ressource_telechargeable/fiche_buddleja_davidii_sr.pdf​
https://www.consoglobe.com/especes-invasives-causent-gros-degats-biodiversite-cg​
https://www.sbvb.fr/gestion-hydraulique-briere-brivet/especes-envahissantes-briere-brivet/​
http://www.sauvagesdupoitou.com/85/357​
https://www.anvl.fr/especes-vegetales-invasives/​
http://www.cbnbrest.fr/site/pdf/Carpobrotus_edulis.pdf​
https://www.sudouest.fr/2018/07/02/la-jussie-un-probleme-pour-la-biodiversite-5195600-3542.php​
https://www.cen-centrevaldeloire.org/groupe-plantes-invasives/29-groupe-plantes-invasives/312-gestion-des-plantes-invasives​
https://www.tela-botanica.org/2016/01/article7231/
https://www.actu-environnement.com/ae/news/especes-exotiques-envahissantes-impact-environnement-economie-sante-AEE-europe-17895.php4

​E. Sarat, E. Mazaubert, A. Dutartre, N. Poulet, et Y. Soubeyran. 2015. « Les espèces exotiques envahissantes dans les milieux aquatiques ». Connaissances pratiques et expériences de gestion. Office Nationale de l’Eau et des Milieux Aquatiques, vol. 1, 252 p.

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