Si vous suivez la Fritillaire depuis ses débuts, depuis l'époque où nous nous appelions encore Nature sur le vif, alors vous savez à quel point le Pont-Barré est une zone qui nous tient à cœur. Pour la beauté de ses paysages, oui, mais aussi pour la richesse de sa biodiversité. Quand le printemps revient c'est là-bas que nous faisons une grande partie de nos observations floristiques. Nous en avions déjà un peu parlé à quelques reprises, notamment dans un bref compte-rendu de prospection (à lire ici). Mais, bien malgré ça, nous ne l'avons encore jamais dignement présenté. C'est pourtant peu dire que le Pont-Barré mérite son article depuis longtemps.
Un fragment méridional en plein Anjou
Cette réserve, c'est avant tout l'histoire d'un micro-climat. Les faibles précipitations et les températures en moyenne plus élevées que dans le reste du département lui confèrent un caractère quasi méridional. Nous ne sommes pourtant pas dans le sud de la France ! Car le Pont-Barré n'est situé qu'à 25 km au sud-ouest d'Angers où ses coteaux dominent le Layon. Pile à la jonction entre le massif armoricain et le bassin parisien ! Combiné à la richesse géologique locale (mélange de roches acides et alcalines), ce climat a permis l'apparition d'une grande diversité d'habitats naturels. Entre les fourrés, les boisements, les vignes, les parois rocheuses et les pelouses sèches vivent pas moins de 420 espèces végétales. Parmi celles-ci, 50 sont considérées comme vulnérables et 9 sont protégées au niveau régional ou national. La faune y est également très riche, en particulier les insectes. On y trouve notamment deux espèces de cigales (Tettigetta argentata et Cicadetta montana) !
Ci-dessus, trois exemples d'espèces protégées présentes sur le site du Pont-Barré : la gagée de Bohème (Gagea bohemica, Liliaceae), la rose de France (Rosa gallica, Rosaceae) et la tulipe sylvestre (Tulipa sylvestris subsp. sylvestris, Liliaceae).
Ainsi, il n'est pas étonnant que les lieux fassent l'objet de l'intérêt des naturalistes depuis longtemps. C'est le chanoine Robert Corillion, botaniste du CNRS, qui en fait l'acquisition pour la première fois en 1961. Il fut dès lors à l'origine de la création de la réserve dont la propriété est à présent divisé entre l'Académie des sciences, belles lettres et arts d'Angers, la LPO Anjou et plusieurs viticulteurs. Ces différents acteurs assurent ensemble la gestion et à la préservation de ce site exceptionnel. À titre d'exemple, des chantiers de débroussaillage sont fréquemment mis en place. Les vignes de la réserve, quant à elles, sont cultivées de façon respectueuse de l'environnement : une agriculture biologique, sans pesticides de synthèse.
Fort de tout ceci, c'est donc en toute logique que ce site de 8 hectares a été classé réserve naturelle régionale (RNR) par le Conseil régional des Pays de la Loire en 2009.
Des végétaux à la hauteur
Et les plantes dans tout ça ? Depuis le temps que nous fréquentons ce site, nous avons pu avoir un bon aperçu des espèces qui y vivent. En voici le détail, rangé dans l'ordre alphabétique. C'est pas moins de 99 espèces différentes ! Alors bien évidemment cette liste n'est pas exhaustive et est soumise à modification au gré de nos observations. Mais elle vous permettra, sans doute, de réaliser à quel point la richesse floristique du Pont-Barré vaut le détour. Et qui sait ? Vous trouverez sûrement l'envie d'y mettre les pieds pour le découvrir par vous-mêmes.